Le glycogène : carburant de l'effort
En
commençant la course à pied, je m’intéressais peu à la nutrition et n’avais,
comme beaucoup, aucune connaissance en la matière. Mais si le trail est de plus
en plus médiatisé et connu de tous, on commence aussi à mettre en avant les piliers
qui favorisent une bonne pratique. De nombreux spécialistes vulgarisent
désormais les aspects de la nutrition, de l’hydratation, du sommeil et de la
récupération. De façon naturelle, je me suis penchée autant sur ces dimensions
que sur la dimension principale, à savoir le trail. On connaît tous les pâtes, et
l’on a tendance à visualiser le coureur tel qu’un grand consommateur de pâtes
et de riz. Mais alors pourquoi ? Les glucides en général favorisent la
performance et l’adaptation à l’effort, mais quelle stratégie adopter ? En
m’appuyant sur les supports de scientifiques et professionnels de la nutrition,
j’ai pu rassembler les informations essentielles et les plus facilement
assimilables.
Stocker pour performer
Lorsque
l’on parle de glycogène, on fait référence aux stocks de glucides présents dans
le foie et dans les muscles. Le glycogène en lui-même se constitue de plusieurs
molécules de glucose. On peut le visualiser tel qu’un réservoir à glucides, et
donc un réservoir d’énergie. Pour parler en termes scientifiques et plus
complexes, il agit dans le foie sous forme de glycogène hépatique, et dans les
muscles sous forme de glycogène musculaire.
L’organisme
puise dans ces stocks énergétiques pendant l’effort, qu’il dégrade alors en
glucose. Les stocks de glycogène fournissent de l’énergie sur 60 à 90 minutes d’effort
moyennement ou hautement intense. Dès lors qu’un entraînement ou une course dépasse
la barre des une heure trente, on verra donc la nécessité d’apporter à l’organisme
une ration de glucides, ajustable selon plusieurs paramètres.
Puisque
les stocks s’épuisent durant l’effort, il est essentiel d’en reconstituer de
nouveaux à la fois pour récupérer et pour anticiper les prochains efforts. On
parle plus précisément de « resynthèse ».
Donc
stocker le glycogène, source d’énergie prioritaire utilisée par l’organisme à l’effort,
permet au corps de maintenir l’effort dans la durée.
La fatigue musculaire
On
parle beaucoup du corps, mais moins de la tête. Pourtant, c’est bien le cerveau
qui commande au corps de se mettre à l’effort. Quand le corps ne peut plus
fournir l’énergie nécessaire à un effort intense, c’est la plupart du temps dû
à un épuisement du glycogène. Puisque tout est relié, le cerveau le détecte et
commande une limitation musculaire. De faibles réserves en glycogène poussent l’organisme
à puiser dans ce qu’il reste, à savoir les acides aminés, ce que l’on cherche à
éviter.
Tout
dépend en effet du type d’effort que l’on produit. Plus l’intensité est élevée,
plus le corps puise dans son glycogène musculaire et utilise des triglycérides
intramusculaires. Le niveau élevé de VO2 max impose en effet à l’athlète de
fournir une quantité importante d’énergie, produite elle-même par l’oxydation
des glucides. Cependant plus l’exercice est long, plus la fourniture
énergétique provient des lipides car le quotient respiratoire diminue. A
contrario les exercices de faible ou de moyenne intensité n’engendrent pas une
aussi grande déplétion glycogénique (l’épuisement du glucose dans les muscles) que
lors d’un exercice intense.
On
peut donc citer trois grands avantages qu’apporte la consommation de glucides
sur des séances de type fractionné. Tout d’abord elle réduit la fatigue,
maintient ensuite le niveau de glycémie et entraîne un effet dit « neurostimulant ».
Selon la science, le rinçage de bouche à la solution glucosée permettrait d’améliorer
de 2 à 3% les performances sportives en endurance.
Comment stocker ?
Il
est bon de savoir que pour stocker efficacement les glucides, l’apport d’eau
est essentiel. D’ailleurs, 1g de glycogène est stocké avec environ 3g d’eau. Si
l’on remplit les stocks de glycogène au préalable avant une séance, il est essentiel
d’habituer son système digestif à assimiler la consommation de glucides pendant
l’effort, ce qui peut prendre du temps. Avec les impacts de la course à pied,
il est plus difficile pour l’organisme d’assimiler les apports en termes de
nutrition pendant l’effort. D’où les troubles digestifs, qui ne sont pas
vraiment agréables… L’effort impacte directement la paroi intestinale, ses
jonctions et ses cellules, qui perdent alors en efficacité. On dit que l’intestin
devient hyper-perméable. C’est-à-dire que les substances toxiques pénètrent
plus librement dans l’organisme et favorisent bien souvent le phénomène d’inflammation.
Mais cette hyperperméabilité intestinale est évitable dès lors que l’on apporte
des glucides à l’organisme.
Les glucides : pas seulement dans les pâtes et le riz !
On
a parlé de l’apport glucidique post-effort pour récupérer et resynthétiser les
stocks pour les prochaines séances, mais comment varier sa nutrition pour
éviter la lassitude ? Car oui, les pâtes rendent heureux, c’est prouvé
scientifiquement par le professeur italien de psychologie Vincenzo Russo !
Elles stimuleraient nos émotions les plus positives. Mais il existe bien d’autres
aliments aussi efficaces pour reconstituer ces stocks.
Quinoa, fruits et légumes frais, légumineuses, céréales, raisins secs, dattes, laitages ou encore riz complet sont tout autant de sources de glucides intéressantes. On peut même en trouver dans le miel ou la confiture. En tant que sources de glucides complexes, les gnocchis entrent également dans la sélection. Eux aussi rendent heureux, n’est-ce pas ?
L'entraînement en endurance pour épargner les stocks de glycogène musculaire et hépatique
Le
corps est très intelligent, il sait puiser là où il faut en fonction du type d’entrainement.
Et typiquement lors d’une séance en endurance, la glycogénolyse (glycogène
transformé en glucose) se réduit tandis que la capacité oxydative du muscle
augmente. Pour résumer plus simplement, le glycogène musculaire et hépatique
est épargné au profit des lipides, par changements métaboliques. Cela favorise
une plus grande capacité à tenir un effort de longue durée. Donc dans le cadre
de séance en endurance ni trop longue ni trop intense, il est inutile de
consommer des glucides à l’effort, contrairement à d’autres types d’entrainements
qui s’appuient sur davantage de contraintes.
Alors pour performer en trail comme dans tous les sports d’endurance, il est essentiel d’adopter une stratégie de nutrition pour permettre au corps de puiser là où il faut, quand il le faut. Cela nous épargne de la fatigue musculaire, qui peut entre autres conduire aux blessures. Sans oublier que l’hydratation est un pilier et qu’elle favorise le stockage des glucides dans le foie et dans les muscles. Selon l’intensité et la durée de l’entrainement, l’apport glucidique avant et pendant l’effort n’est pas le même, c’est pourquoi il nous est essentiel de savoir quelle stratégie adopter en fonction des objectifs.
Sources
- Blog : glycogène (fourchettebaskets.fr) par Noucka Simic, diététicienne du sport
- Qu'est-ce que le glycogène ? Comment l'optimiser avec l'alimentation ? (nicolas-aubineau.com)
- Livre La science de l’endurance, Dr Fabrice Kuhn et Xavier Teychenné : « Collations : des glucides pour l’entraînement »
Lola Piffero
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